🧂De la mer aux œillets le circuit du Sel de Guérande
Le sel, ou chlorure de sodium, est l’un des éléments les plus abondants sur Terre : il occupe la 6ᵉ place des éléments les plus présents, sous différentes formes.
L’eau des océans en contient en moyenne 35 grammes par litre (soit 35 g/kg), sauf dans les mers fermées où la concentration peut être bien plus élevée.
À l’échelle de la planète, les océans contiendraient environ 48 millions de milliards de tonnes de sel dissous dans une masse totale de 1,4 milliard de milliards de tonnes d’eau. Une véritable richesse naturelle… que les paludiers de Guérande savent extraire avec finesse.
🌊 Le principe : concentration par évaporation
La production de sel marin repose sur un principe ancestral : la concentration du sel contenu dans l’eau de mer par évaporation naturelle, jusqu’au point de cristallisation.
Chaque saline (ou marais salant) fonctionne comme une unité de récolte autonome, avec ses particularités :
Forme et agencement du circuit hydraulique
Méthode de travail du paludier
Outils utilisés
Un paludier peut gérer plusieurs salines, parfois éloignées les unes des autres !
🧱 Un sol d’argile pour garder l’eau
Le réseau hydraulique des marais salants de Guérande repose sur un socle argileux appelé le bri. Cette couche imperméable empêche l’eau de mer de s’infiltrer dans le sol, garantissant sa conservation tout au long du circuit.
🌊 L’arrivée de la mer : le Traict et les étiers
L’eau de mer pénètre les marais par le Traict, une baie naturelle située entre Batz-sur-Mer et Le Croisic, lors des marées hautes. Elle est ensuite acheminée vers plus de 2 000 hectares de marais salants via un ingénieux réseau d’étiers et de chenaux, combinant :
Gravité naturelle
Vannes et systèmes de régulation manuelle
💧 Étapes de transformation de l’eau en sel
1. Les vasières
Ce sont les premières réserves d’eau. Elles alimentent plusieurs salines. À ce stade, l’eau contient déjà environ 50 g de sel par litre.
2. Les corbiers
Chaque saline dispose de son propre système d’alimentation en eau via les corbiers, qui régulent l’apport d’eau salée par gravité.
3. Les fares
Les fares sont des bassins à chicanes qui allongent le parcours de l’eau pour favoriser son évaporation. Leurs couleurs varient d’une saline à l’autre, dues à la présence d’algues, de micro-organismes et de minéraux.
Ces écosystèmes vivants participent aussi à l’épuration naturelle de l’eau.
4. Les adernes
Les adernes sont les bassins de concentration et de stockage de la saumure. Elles remplissent trois rôles essentiels :
Dernière surface d’évaporation avant cristallisation
Lieu de précipitation du sulfate de calcium (qui doit être éliminé avant le sel)
Réservoir de saumure pour alimenter les œillets
À ce stade, la saumure atteint environ 250 à 300 g de sel par litre, seuil à partir duquel le sel peut cristalliser.
5. Les œillets
Dernière étape du parcours : l’eau entre dans les œillets, petits bassins au cœur de la saline, reconnaissables à leur teinte rosée en saison estivale.
C’est ici que le chlorure de sodium cristallise, et que le paludier, armé de patience et de savoir-faire, récolte le gros sel et la précieuse fleur de sel.
🧑🌾 Un chef-d’œuvre d’ingéniosité humaine et naturelle
Chaque détail du marais salant — ses formes, ses couleurs, ses circuits — est façonné par la main de l’homme, entretenu par la biodiversité locale, et rythmé par les marées, le soleil et le vent.
Entre terre et mer, les marais salants de Guérande sont un écosystème unique, un patrimoine vivant qu’il nous appartient de préserver et valoriser.